« Tu noteras des signes brefs sur un petit carnet que tu dois, sans cesse, porter sur toi ; et qu’il soit de papier teinté afin que tu ne puisses pas effacer, mais que tu puisses faire du neuf avec du vieux, car ces choses ne peuvent pas être effacées, elles doivent au contraire être préservées avec grand soin, car les formes sont en nombre si infini que la mémoire n’est pas capable de toutes les retenir… » Léonard de Vinci, carnets.

Le carnet de voyage serait un « genre littéraire» mais cela afin de pouvoir finalement créer des repères et expliquer que c’est souvent un mélange entre texte et illustrations. Pour moi le genre littéraire est avant tout une convention stéréotypée qui donne un cadre au public et fonctionne comme un modèle d’écriture pour les auteurs. Or dans le carnet de voyage on dépasse les « cases », les genres, les conventions. En effet, le carnet de voyage est tout sauf « normé ». Cette liberté dans la forme découle en partie du fait que tout le monde peut effectuer un carnet de voyage. Il y a peu de questions de niveau ou de savoir-faire. Il a cependant été classé comme genre littéraire afin d’être rattaché à l’art du livre, de l’écriture.

Le carnet de voyage est plastique et évoque avant tout le voyage dans son sens large : voyage intérieur, exploration d’une terre inconnue, ou tout autre voyage initiatique autour d’un unique thème pendant une période déterminée. Techniquement, le carnet de voyage peut être le résultat d’une écriture au jour le jour ou reconstitué à partir de souvenirs, de photos, croquis, prises de notes. C’est un récit inscrit dans une durée déterminée. Il propose par exemple au lecteur de lui faire découvrir les sensations, les impressions ressentis. Il raconte le pays, les coutumes, les paysages, les monuments, la nature, la vie du peuple, la cuisine locale… Il se veut invitation au rêve et à l’évasion.

Le carnet de voyage se présente sous divers formats dont voici quelques exemples :

• Carnet accompagné de dessins ou croquis dispersés dans la page, au milieu du texte.
• Récit étalé sur une ou plusieurs pages.
• Récit illustré de photos réparties dans le texte lui-même, ou accessibles par des liens qu’on découvre au cours de la lecture du carnet.
• L’ensemble peut s’agrémenter de cartes, plans, itinéraires, ou encore de sons ou de vidéos.

Le carnet de voyage évoque un voyage réel ou imaginaire : une exploration d’une terre inconnue pendant un temps déterminé, voyage intérieur, voyage autour d’un thème (découverte d’œuvres littéraires, d’œuvres d’art, d’un patrimoine de proximité). Tout à la fois journal intime, recueil de souvenirs et livre d’artiste, c’est un espace de mémoire matérialisé par un assemblage très libre, mais pensé de mots, d’images, de croquis, de photographies et de collages, incitation à confronter le rêve et l’expérience, le réel et l’imaginaire.

Pour la chargée de projet à l’association “Il faut Aller Voir”, organisatrice des Rendez-vous de Carnets de voyage de Clermont Ferrand, « le carnet de voyage est un mélange des genres, de textes et d’arts graphiques, il devient une création personnelle et se veut le témoin du voyage, ou de toute une vie. Qu’il s’agisse de croquis, d’aquarelle, de peinture ou de récit, le carnet de voyage est un merveilleux support pour pratiquer le voyage éthique. » En effet, la pratique du carnet de voyage requiert respect, distance et durée ; il révèle ainsi le véritable intérêt du voyageur pour la culture dans laquelle il s’immerge et favorise la rencontre avec autrui.

Les carnets de voyage sont au cœur de nombreux rendez-vous reconnus en France :

• Musée de La Poste à Paris
• Carnets d’ici et d’ailleurs à Brest (carnet de reportage)
• Étonnants voyageurs à Saint-Malo
• Festival de BD reporters et de carnets de voyage à La Plagne
• Festival Terres d’Ailleurs au Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse
• Embarquement immédiat à l’île de la Réunion